Sensible à l’art, à la culture, à la peinture, j’entretiens depuis l’enfance une passion pour la couleur, mon terrain de jeu sensoriel – moi qui paradoxalement, n’ai jamais porté que du noir – ma manière d’être contre les codes et les carcans. J’appartiens à ces êtres qui demeurent fascinés par ce que les Natures, dans leur élan vital, peuvent générer de beauté. Contemplative quand j’observe, les mains dans le pigment comme dans la terre, à partir d’une flaque ou d’une graine, le jeu des métamorphoses qui opèrent à la surface. C’est comme donner corps à un processus créatif qui s’incarnerait tantôt dans un tracé tantôt dans une pousse. A cet instant, seul compte le geste, dans l’espace et le temps.

Le pigment naturel est un médium pour le peintre. Le végétal dont il est extrait est une ressource pour le jardinier. Il est ma clef de voûte. Ma rencontre avec la permaculture me permet d’expérimenter ce continuum entre contemplation et mise en œuvre. Dans cet intervalle, de la racine au pinceau, ce qui me réjouit le plus, c’est de laisser libre cours à ma créativité, qui comme portée par le vent, me laisse ensemencer l’espace. Du jardin à la toile, de la planche au papier, de la plante au pigment, je vagabonde d’une dimension à une autre, je joue avec la matière tel le potier avec l’argile.

Le monde des couleurs nous ouvre les portes de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. Leur perception est relative selon que nous les regardons à travers un prisme scientifique, artistique ou psychologique, ou par le biais de croyances populaires. Chaque couleur appartient au cercle chromatique, au même titre que ‘les oiseaux de mauvais augure’ ou ‘les mauvaises herbes’ font partie du grand écosystème. L’esprit de la création n’a pas de limite, il est perméable aux pratiques et aux disciplines. Nous sommes les artisans de notre monde, intérieur et extérieur.